Rapport Auclaire intégral (source CNC)


vendredi 6 février 2009

C.IV • 2.2 • L'organisation des coordinations nationales et régionales : une coordinaion décentralisée pour "Collège" et "Lycéens…"

Extrait du rapport "Par ailleurs, le cinéma est un divertissement...
propositions pour le soutien à l’action culturelle dans le domaine du cinéma"
| Alain Auclaire Novembre 2008 |


Mobiliser les structures existantes pour la diffusion du film


Proposition n°15 : Étendre les missions de l'ADRC pour lui permettre d'exercer une fonction de coordination nationale par délégation du CNC, de concourir à la fourniture de films pour les dispositifs d'éducation au cinéma, et de participer à la formation des intervenants.

En dépit du développement attendu des structures d'intervention régionale, certaines fonctions, ou certaines parties du territoire, continueront d'exiger un opérateur national. Compte tenu de l’extension du projet sur l'ensemble du territoire national, de la nécessaire coopération entre de nombreux partenaires administratifs culturels et professionnels, on pourrait être tenté de préconiser la création d'un opérateur spécialisé, en quelque sorte une Agence pour la culture cinématographique et la formation du public du cinéma. Mais à y regarder de plus près, on voit que la mission de transmission de la culture cinématographique est fort proche des missions exercées par l'Agence pour le développement régional du cinéma (ADRC).

Par sa structure, par son expérience dans la diffusion des films sur l'ensemble du territoire, par sa proximité des professionnels et de beaucoup d'animateurs culturels, par le réseau mis en place depuis l'origine sur une base territoriale et le plus souvent régionale, l'ADRC possède beaucoup d'acquis susceptibles de contribuer au développement de l'éducation au cinéma.

L'ADRC est d'ores et déjà une association ouverte aux professionnels de la production, de la distribution et de l'exploitation, ainsi qu'aux réalisateurs de films. Elle fait également une place significative aux élus locaux dont, fait unique dans une organisation cinématographique à vocation nationale, des représentants siègent au conseil d'administration. Elle comprend déjà plusieurs centaines de membres et pourrait sans dénaturer l'équilibre actuel être ouverte à de nouveaux participants.

Cette observation générale se confirme si l'on analyse les conditions d'intervention de l'agence. Celles-ci reposent sur une volonté d'aménagement du territoire, afin de permettre aux salles des petites villes d'avoir accès à des films dans leur période de sortie nationale. L'agence reçoit du CNC un budget affecté au financement de copies supplémentaires de films, qui s'ajoutent à celles qui sont prévues dans le plan de sortie du distributeur. Au total, l'ADRC a pu ainsi mettre en place annuellement environ 1700 copies de films en sortie nationale. En ce qui concerne la répartition, l'agence opère selon trois procédures distinctes, selon qu'il s'agit des petites villes, des villes moyennes, ou des films recommandés art et essai. Mais dans tous les cas les copies ne sont attribuées aux salles qu'à leur demande et selon des engagements précis sur les durées d'exploitation et la gestion des copies, après intervention des représentants régionaux de l'agence, et avec le consentement des distributeurs. L'agence dispose donc d'un savoir-faire acquis depuis plus de vingt années de fonctionnement, elle est susceptible de desservir une partie très importante du parc de salles, puisque celui-ci est situé, en nombre d'écrans et non en résultats de fréquentation, aux 3/4 dans des unités urbaines de moins de 20 000 habitants. Une partie des films choisis sont des films Art & Essai, un programme spécifique, certes modeste, étant consacré au répertoire. Certes le statut juridique des films n'est pas le même dans les deux systèmes, puisque les films mis à disposition des dispositifs d'éducation font l'objet d'une acquisition de droits réservés à cette fin, alors que les copies de l'ADRC sont soumises au même régime que les copies distributeur. Mais cela ne doit pas être regardé comme un obstacle insurmontable. Au contraire, ce serait peut-être l'occasion de revoir globalement le système de mise à disposition des copies sous ses deux aspects : d'abord élargir le choix des films accessibles aux collégiens et lycéens, ensuite renouveler les conditions de cession des droits avec les distributeurs et ayant droits. Sans qu'il soit besoin d'entrer plus avant à ce stade sur les modalités de cette action, on voit qu'elle présente de nombreux recoupements avec les dispositifs d'éducation au cinéma, au moins pour ce qui est des aspects techniques et professionnels. Elle pourrait offrir de nouvelles possibilités d'accès aux films à partir d'une négociation globale entre les différents intervenants : agence/coordinations/distributeurs sous l'égide du CNC. De plus, deux éléments militent également dans le sens d'un rapprochement. D'abord un très grand nombre de salles participent aux deux systèmes, éducation et diffusion ADRC, et leurs responsables en sont donc les praticiens et les défenseurs sur le terrain. Ensuite, l'ADRC est à la veille de mutations qui vont affecter tout le système de la diffusion des films à partir du moment où seront mis en œuvre les technologies de diffusion numérique. Les conditions de fonctionnement actuelles risquent de devoir être profondément révisées, ce qui offre une opportunité pour que l'agence introduise de nouveaux objectifs et de nouvelles spécifications à son action. C'est pourquoi il est proposé de mettre à l'étude un élargissement des missions de l'ADRC afin qu'elle puisse contribuer à l'extension des dispositifs d'éducation au cinéma, notamment en utilisant les processus de circulation des films qu'elle gère, en diversifiant ses relations avec les distributeurs, et en introduisant une formation à l'intention des participants aux dispositifs.