Rapport Auclaire intégral (source CNC)


vendredi 6 février 2009

C.IV • 2.4 • L'appel à de nouveaux partenaires professionnels

Extrait du rapport "Par ailleurs, le cinéma est un divertissement...
propositions pour le soutien à l’action culturelle dans le domaine du cinéma"
| Alain Auclaire Novembre 2008 |


Au delà des organismes publics, des associations et des participants eux-mêmes, le succès du projet de développement de l'éducation au cinéma repose aussi sur l'ouverture à un plus grand nombre de partenaires, qu'il s'agisse d'organismes institutionnels, d'entreprises ou de professionnels.

Proposition n°18 : Mobiliser les institutions culturelles du cinéma, notamment les cinémathèques et les écoles supérieures, pour l'accompagnement pédagogique et la formation des intervenants.


L'ouverture à l'ensemble des entreprises d'exploitation cinématographique. Dans la situation actuelle, les grandes entreprises du secteur de l'exploitation sont restées en dehors des dispositifs. Deux causes peuvent être invoquées à ce sujet. D'abord, les conditions d'exploitation des multiplexes se prêtent mal à l'accueil de séances spéciales réservées aux enfants dans le cadre des dispositifs existants. De plus les exploitants en question peuvent préférer organiser des séances promotionnelles pour les enfants selon leur propre stratégie de recherche de public, et en particulier hors du cadre éducatif. Par ailleurs, certains participants professionnels aux dispositifs ont souvent adopté une attitude de réserve, voire d'hostilité, à l'arrivée de la « rande exploitation» dans les dispositifs éducatifs. Cette question a fait l'objet d'une saisine du médiateur du cinéma à deux reprises, à propos de situations locales à Beauvais, et à Dijon. Il faut noter que la saisine du médiateur a été jugée recevable. D'une part parce que le droit de la concurrence est applicable y compris lorsqu'une activité de service public est en cause, comme c'est le ce cas des dispositifs d'éducation au cinéma. D'autre part parce que l'article 92 de la loi du 29 juillet 1982 qui a institué le médiateur du cinéma est applicable à toutes les entreprises d'exploitation cinématographique. Cette analyse confirme donc indirectement que l'activité des salles dans le cadre des dispositifs d'éducation continue à s'exercer conformément aux règles générales qui régissent l'exploitation cinématographique. Dans les deux cas, la médiation ne s'est pas conclue par une injonction, mais a donné lieu à une réunion de conciliation entre les parties. Ces deux affaires ont permis d'affirmer quelques principes qui demeurent plus que jamais valables :

- Le libre accès du dispositif pour tout exploitant : «Il ne doit pas y avoir de "barrière à l'entrée" de ces dispositifs, de droit ou de fait, et leur fonctionnement doit être...non discriminatoire». Il en résulte que toute demande de participation doit être prise en considération.

- Le respect des cahiers des charges : à partir du moment où l'exploitant candidat justifie qu'il est en mesure de respecter le cahier des charges, il doit pouvoir participer au dispositif en question.

- L'appréciation par le coordinateur : il appartient au coordinateur d'évaluer, au vu d'opérations concrètes, si l'exploitant répond convenablement aux exigences des cahiers des charges.

- La transparence du système : les exploitants doivent être suffisamment informés des exigences des cahiers des charges et du fonctionnement du dispositif, et les coordinateurs doivent veiller à la communication de tous éléments nécessaires à la décision des exploitants.

- Le libre choix des salles par les enseignants : les enseignants doivent être convenablement informés de toutes les offres des salles participantes de manière impartiale et objective, ainsi que de la nécessité d'éviter toute attitude tendant à exclure à priori une salle candidate.
À partir de ce constat, il est souhaitable d'intégrer un plus grand nombre de salles participantes, dès lors qu'elles sont en mesure de se plier intégralement aux cahiers des charges, ainsi que, faut-il ajouter, de participer pleinement au travail collectif pour le développement des dispositifs. Dans certaines situations géographiques, il y aurait avantage à ce que des établissements des circuits nationaux y soient associés. Ce pourrait être l'occasion d'un accord global avec les responsables de ces circuits pour qu'ils mettent au service des dispositifs, et notamment des coordinateurs régionaux, leurs moyens d'information auprès du public et leur capacité logistique et de gestion. Rappelons à cet égard que certains exploitants indépendants en région parviennent à mener de front la gestion de multiplexes et de salles art et essai, comme c'est le cas par exemple à Aix en Provence.




La participation des autres parties professionnelles.

- L'exploitation n'est pas le seul secteur professionnel concerné. Les professionnels de la création, de la production, de la distribution sont également intéressés. Il en est de même des institutions patrimoniales, des écoles de cinéma, des professions des industries techniques.

- S'agissant de la distribution, le secteur est déjà engagé à travers l'application d'un régime préférentiel de location de films (taux plafonné à 30%). Ce régime doit pouvoir être confirmé et étendu à un plus grand nombre de films, plus récents, et plus diversifiés.

- En ce qui concerne la production, il est souhaitable que les professionnels du secteur, non seulement s'engagent personnellement auprès des enseignants et des élèves, mais aussi puissent ouvrir des lieux de tournage ou même de post-production à certaines classes. Il en va de même pour le secteur des industries techniques.

- Un rôle particulier doit être conféré aux Cinémathèques et aux écoles de cinéma. La Cinémathèque française possède depuis longtemps un service éducatif très actif, qui lui a permis d'accueillir sur son site de Bercy plusieurs milliers d'enfants en 2007. La Cinémathèque de Toulouse, l'Institut Lumière, d'autres cinémathèques régionales, sont également actives à cet égard. Ces institutions sont en mesure de fournir aux dispositifs des séances de projection, mais surtout des instruments pédagogiques ; elles peuvent faciliter le recours à des intervenants professionnels, et accueillir directement des classes pour des activités complémentaires. Il en va de même des écoles de cinéma, qui, dans leurs domaines de formation particuliers, sont aussi en mesure d'apporter leurs compétences, leurs moyens, et leurs intervenants.

Il est donc proposé de conclure des conventions particulières avec les Cinémathèques d'une part, les principales écoles de cinéma d'autre part.

Pour les Cinémathèques, il s'agit d'ouvrir leurs fonds documentaires, de les associer à l'élaboration de documents et de méthodes pédagogiques, d'expérimenter le cas échéant de nouvelles formules d'animation des classes, de mettre en œuvre des programmes de formation des intervenants centrés sur l'histoire du cinéma et les cinéastes.

Pour les écoles, il s'agit essentiellement d'organiser des cycles de formation des enseignants et des intervenants professionnels, en mettant l'accent non seulement sur le langage du cinéma mais aussi sur les techniques et les savoir-faire en matière d'image, de son, de montage.

Les conventions proposées auraient vocation à être incluses, le cas échéant, dans les contrats d'objectifs conclus entre certaines de ces institutions et le Ministère de la culture, le CNC, et le Ministère de l'éducation nationale. On pense en particulier à la Cinémathèque française, la Cinémathèque de Toulouse, l'Institut Lumière d'une part, La fémis, l'école Louis Lumière et l'ESAV d'autre part. Mais ce peut être aussi vrai pour d'autres cinémathèques ou des départements universitaires spécialisés.