Rapport Auclaire intégral (source CNC)


mercredi 4 mars 2009

A.IV • 3 • Les interventions du ministère de l'éducation nationale

Extrait du rapport "Par ailleurs, le cinéma est un divertissement...
propositions pour le soutien à l’action culturelle dans le domaine du cinéma"
| Alain Auclaire Novembre 2008 |

Bien que la mission soit circonscrite aux actions engagées par le ministère de la culture et de la communication, il convient de faire état de celles qui sont conduites au sein des structures de l’éducation nationale. Dans le cadre des programmes d’éducation artistique, de très nombreuses opérations portent sur l’initiation, l’éducation ou la formation spécifique aux domaines de l’éducation à l’image. Ces opérations s’étendent de l’école primaire à l’université.

Si les œuvres audiovisuelles sont présentes dès la maternelle et l’école élémentaire, un véritable travail d’éducation commence au collège, dans le cadre des programmes d’art plastique. Dans les voies générales et technologiques des lycées, un enseignement du cinéma et de l’audiovisuel est ouvert depuis 1989 parmi les sept enseignements artistiques susceptibles d’être proposés. Plus de 10.000 élèves suivent à ce titre un enseignement de cinéma, dont près de 5.000 comme enseignement de spécialité en série littéraire. Cet enseignement comprend le visionnage de trois films dans l’année, choisis chaque année au niveau national et intégrés dans la liste du dispositif «Lycéens et apprentis au cinéma». Le programme est évalué au baccalauréat, à l’écrit et à l’oral. Les classes préparatoires aux grandes écoles littéraires proposent quant à elles une option «études cinématographiques», à raison de quatre heures hebdomadaires.

À l’université, il existe un grand nombre de formations portant en partie ou en totalité sur le cinéma : DEUG «Arts du spectacle», licences, maîtrises et doctorats préparant aux multiples métiers du cinéma et de l’audiovisuel, y compris les métiers de la formation. En ce qui concerne la formation des enseignants, certains IUFM ont mis en place des modules consacrés au cinéma, et une certification complémentaire peut être délivrée au niveau académique pour tous les enseignants désireux de faire valider leurs compétences dans ce domaine. De plus le ministère de l’éducation nationale a créé, à travers le programme engagé par le CNDP à partir de 1998, différents outils pédagogiques parmi lesquels figure par exemple la collection de DVD «L’Eden cinéma». Pour faire face à l’afflux des demandes d’information et de conseil que ces différentes actions ont suscité, ont été créés des «pôles de ressources» cinéma au nombre de quatre en France. Enfin, un grand nombre de ces actions ont été développées grâce au partenariat établi entre les services rectoraux et les collectivités territoriales.

L’action du ministère de l’éducation nationale pour la formation dans le domaine de l’image est donc d’une grande ampleur. Elle a notamment eu pour conséquence l’afflux des candidats aux formations professionnelles et aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel, qui accompagne le développement du secteur. Mais ces actions ne visent pas pour la plupart d’entre elles l’acquisition d’une culture cinématographique par la plus large partie des élèves, ni même leur sensibilisation au film comme œuvre originale. Si un grand nombre d’établissements se sont néanmoins engagés dans cette voie, c’est le plus souvent à l’initiative de certains enseignants et dans le cadre des dispositifs d’éducation au cinéma, en partenariat avec le ministère de la culture et les professionnels du cinéma.

S’il faut souhaiter un accroissement des efforts du ministère de l’éducation nationale pour ce qui est de la place faite au cinéma dans les programmes à tous les niveaux, c’est pour répondre à un triple objectif. D’abord, pour que l’expression cinématographique se voie reconnue comme un élément constituant de la culture des élèves, au même niveau que d’autres disciplines littéraires ou artistiques. Ensuite parce que les formations dispensées par les universités, ou dans le cadre des programmes de formation continue des enseignants, sont indispensables comme on le verra dans la suite du présent rapport pour apporter aux dispositifs scolaires des formateurs qualifiés. Enfin, parce que l’établissement scolaire, s’il ne peut ni ne doit se transformer en salle de cinéma, demeure le lieu où la séance de cinéma doit être préparée puis faire l’objet d’un travail pédagogique.